Visite surprise

"Ah! ben faut pas me le dire deux fois "

Il se dirigea vers la chaise qui se trouvait face à lui et faisant également face à celle de Dante, les deux pantins étaient toujours sagement assis là où il les avait installé, quelques minutes plutôt.

"Hein...?"

Michiyo fut étonné par la question de l’hybride, ce n’était pas tout à fait la question en elle-même plutôt anodine qui le prenait en dépourvu mais la façon dont Dante le disait, et le regard que ce-dernier posait sur lui.

*Mes yeux sont-ils rouges?*

"Euh, oui oui ça va. Ne t’en fais pas tout va bien, je t’assure."

*Tiens quand est-ce que je suis passé du vouvoiement au tutoiement ?*

Chose étrange depuis qu’ils se connaissaient, Michiyo continuait de vouvoyer Dante alors que lui était rapidement passé au tutoiement, bizarrement, tout dans les agissements de Dante l’amenait à penser qu’il avait affaire à un adulte et lui-même avait énormément de mal à se considérer comme tel alors qu’il atteindrait bientôt sa vingtième année. Rien affaire il continuait de se considérer comme un ado devant le respect à ses aînés.

Michiyo vit Dante lui sourire quand il tenta de le rassurer, il ne savait pas s’il avait réussi à le convaincre ou non de ne pas s’inquiéter, mais il voyait bien que l’hybride ne lui poserait pas de questions et dans un sens cela le soulagea, car il savait pertinemment que s’il le faisait, l’adolescent se sentirait dans l’obligation de lui fournir une réponse la plus plausible possible.
Dès qu'une personne commençait à montrer des signes d'inquiètude compatissante à son égard, Michiyo se sentait gêné, comme s'il était fautif d'inspirer de tels sentiments,il ne s'estimait pas mériter une telle attention des autres.
Après tout comme tout un chacun il avait connu des moments pas forcément roses mais il savait qu'il avait tout de même de la chance par rapport à d'autres dont la vie semblait tout droit sortir d'un roman tant leurs histoires étaient inimaginables.

Et vraiment, il n’avait absolument aucune envie de se laisser submerger par des souvenirs plus ou moins douloureux, alors qu’il pouvait passer une agréable soirée.

Il allait se lever pour se servir mais du se rasseoir quasi-immédiatement car Dante l’avait précédé

Il eut simplement à lui indiquer ponctuellement.

"Merci, ça suffira. Merci "

Il n’en finissait pas de le remercier, jusqu’à ce que son hôte se serve lui-même et se prépare à entamer le succulent repas.

Il ajouta une nouvelle fois un joyeux

"Bon appétit"

alors qu’il s’apprêtait à enfourner sa première bouchée.

Michiyo mangeait avec appétit le succulent repas, quand tout à coup Dante se leva de table, Michiyo le regarda partir intrigué, il ne semblait pas se diriger vers la cuisine.

*Peut-être va-t’il tout simplement aux toilettes, ça arrive.*

Et prenant son verre, se désaltéra. Comme cela pouvait être agréable de sentir l’eau si fraîche et claire se déverser dans sa bouche, sentir le parcours du liquide glacé le long de son œsophage.

Il repassa au plat, appréciant chaque bouchée, mais hélas Dante n’était pas là, et le jeune mimikko se sentait gêné de tant profiter de la nourriture, seul.

Bientôt Dante revint, alors qu’il entamait un envol de la fourchette de l’assiette vers sa bouche.
Le contenant s’arrêta à mi-chemin et totalisant une perte de la moitié de la cargaison.

Michiyo était abasourdi, un mince filet de sang coulait sur le front de l’hybride qui paraissait ne pas l’avoir remarqué.

Plus effrayant, l’hybride se mit à engloutir son plat à une vitesse affolante, alors que le liquide carmin continuait son lent écoulement le long du visage de son hôte.

La fourchette de Michiyo avait depuis longtemps retrouvé le chemin de l’assiette et le jeune mimikko ne pouvait s’empêcher de fixer Dante totalement désemparé face au comportement de son vis-à-vis.

Il avala l’eau comme s’il voulait s’en saouler et posa un regard d’une fixité terrifiante sur un Michiyo perdu dans l’incompréhension la plus totale de la situation.

Comment les choses avaient-elles plus dérapées ainsi ?
Et puis, ces mots lâchés qui vinrent blesser le mimikko plus qu’elles n’auraient du, des larmes vinrent rapidement brouiller sa vision.
Qu’est-ce qui avait pu déclencher un tel comportement chez un être qui lui était toujours apparu si doux et prévenant, qu’avait-il fait de mal, pourquoi de tels mots ?

Peur ? Bien sûr qu’il avait peur, Dante lui montrait un aspect de sa personnalité proche de la démence, bien sûr qu’il avait peur. Mais, Partir… et pour partir où ? Personne ne l’attendait chez lui, il ne pouvait pas rentrer, c’était la nuit, et traîner dehors à cette heure et seul de surcroît, c’était le meilleur moyen d’attirer tous les chasseurs de mimikkos du coin. Et puis surtout, il ne voulait pas laisser Dante dans cet état, alors qu’il avait toujours était si gentil avec lui.

Sans vraiment savoir ce qu’il faisait, Michiyo se leva et d’un pas lent s’approcha de Dante, ses bras se tendirent et attirèrent l’hybride contre lui, comme pour le réconforter, le calmer. Michiyo, debout à côté de Dante assis, le dépassait de presque deux bonnes têtes.
Il ne pleurait plus mais les larmes qu’il n’avait pas essuyé, sécher sur ses joues.

[b]"Bien sûr que j’ai peur, mais ce n’est pas pour ça que je vais fuir."[/b]

*Bravoure ?*

Une vague tristesse passa dans ses yeux, le jeune mimikko resserra son étreinte autour de l’hybride.

Michiyo ne s’était jamais senti brave, bien au contraire...

*Si c’est ce que tu désires, alors je serais brave pour toi. *

Lorsque Dante lui demanda de lui pardonner Michiyo secoua la tête doucement, l’air de lui dire qu’il n’avait rien à excuser, que cela n’avait pas d’importance.

Il lui vint à l’esprit qu’il fallait essuyer ce sang mais il ne voulait pas lâcher Dante, alors tout en maintenant l’hybride toujours contre lui, il tendit son autre main vers la serviette de Dante et commença à éponger le sang du visage de l’hybride, il passait doucement le tissu sur la peau tâchée de liquide carmin et légèrement poisseux afin de ne pas lui faire mal.

"Je …Je ne veux pas te faire une promesse que je ne pourrais pas tenir, je sais trop à quel point c’est douloureux de se sentir trahi, d’être trahi, mais je peux te promettre de faire de mon mieux, pour être là le plus possible pour toi."

"Je ne suis que moi."



"Il y aura des moments où tu auras besoin de moi et où je ne serais malheureusement pas là, il y aura des moments où je serais près de toi sans que cela te soit d’une grande aide, mais je te promets que malgré mes maladresses je ferais mon possible pour que tu sois aussi heureux de m’avoir rencontré que je le suis d’avoir croisé ta route ce soir là, Dante. "

Michiyo avait une expression infiniment sereine alors qu’il regardait Dante dont il avait ôté du visage toute trace de sang.
Il le sentit le serrer un peu plus et le laissa faire.
Sa main qui avait à présent lâché la serviette souillée sur la table, était revenue doucement caresser les cheveux de Dante les décollant de son front.
Il l’attira contre son torse, comme pour l’enfouir en lui.
Mais il ne s’attendait pas à ce que l’hybride fit à ce moment-là.
Il le laissa faire, le trouble le gagnait et chaque nouveau contact affaiblissait cette voix appelée conscience, il qui lui ordonnait de le repousser.
A nouveau il sentit les lèvres de Dante contre les siennes, leur pression si douce.
Rougissait-il vraiment ou bien était-ce une impression toujours est-il qu’il sentait une chaleur incendiant ses joues et le reste de son corps.

Il avait terriblement envie de l’embrasser, de le serrer fortement dans ses bras, de sentir encore sa peau contre la sienne, mais quelque chose le retenait, lui hurler de ne pas se laisser aller ainsi.

Quelle en était la raison ? Était-ce parce que Dante était un garçon, et qu’étant lui-même un, il n’aurait pas du éprouver de tels sentiments pour Dante mais plutôt pour une fille.

Que diraient ses parents, s’ils le voyaient, là.

*Et si je suis entrain de faire quelque chose de mal ? Dante ne voudra plus jamais me voir. Je veux pas. Je veux continuer de le voir moi.*

*Non, il n’agirait pas ainsi, s’il n’avait pas de sentiments pour moi, n’est-ce pas.*

*Mais….Après?*

*Que suis-je pour lui?*

[Désolée pas très présente cette semaine]

Michiyo rougissait à vue d’œil, alors que Dante le mordillait gentillement.

*Non, non, il ne faut pas.*

D’étrange frisson délicieux le parcourait.
Ça le chatouillait et il avait du mal à ne pas rire, mais son corps lui tremblait doucement sous les coups de langue de Dante, sans qu’il put le contrôler totalement.

C’était bien trop rapide pour lui.

Il n’eut pas vraiment le temps de comprendre et de réagir que déjà Dante avait passé sa tête sous le haut si ample que portait le mimikko.

Il ferma fortement ses yeux, secouant la tête de plus en plus faiblement.

Attrapant les mains qui était descendu plus qu’il ne pouvait le supporter pour le moment. Il les détacha de leur prise et murmura comme en une prière

"S’il vous plait, Dante, non."

Posant sur l’hybride un regard éperdu où l’on pouvait lire sans difficulté le trouble qui l’habitait.
L’océan de ses yeux reflétait le tumulte intérieur de ses pensées.

Son cœur battait la chamade, et s’il savait à demi-mot qu’il ne résisterait pas bien longtemps à l’hybride, les barrières psychologiques étaient encore bien trop fortes pour qu’il puisse laisser les choses aller aussi loin.

Dante recula presque immédiatement, s’en était douloureux pour le jeune mimikko, qui avait la fâcheuse tendance à se croire fautif que ce soit le cas ou non.

Alors que Dante baissait la tête, Michiyo détourna la sienne, sa main droite agrippa le bras opposé, ses oreilles se baissèrent et sa queue ne bougeait plus pendante comme si elle ne lui appartenait pas.
Il avait entendu une fois que croiser ses bras était une attitude défensive, était-ce une réalité ou simplement une généralisation d’un fait observé sur un petit nombre. Là, seul l’un de ses bras était collé à son torse, était-ce une semi défense, il y avait de quoi en douter.

Le silence qui s’installait devenait pesant, il aurait voulu dire quelque chose qui puisse détendre l’atmosphère, mais même si de nombreux sujets totalement anodins le traversait, aucun ne méritait d’être formulé.
Rien à faire aucun mot ne franchissait le seuil de ses lèvres.

Il jeta un bref regard sur l’hybride assis à nouveau sur sa chaise, évitant le regard de Michiyo, il eut un élan comme s’il allait dire quelque chose, mais rien ne vint et il referma la bouche et détourna à nouveau la tête, s’en voulant de son incapacité à désamorcer la situation.

Il se sentait lamentable.

Michiyo alla à son assiette et après avoir vider d’une traite son verre d’eau, suivi Dante à la cuisine pour y déposer l’assiette ainsi que la fourchette et le couteau qu’il avait utilisé.

Il n’avait plus vraiment faim, mais il restait si peu dans son assiette que durant le trajet il termina le morceau de jambon qui y restait, avant de déposer le tout dans l’évier, il eut le temps de les nettoyer tandis qu’il voyait du coin de l’œil Dante mettre les restes au frigo, et jeter ce qui ne pouvait être conserver.

Une fois qu’il eut achevé de s’occuper de son assiette et de ses couverts, il retourna vers la table dans l’intention de ramener son verre ainsi que d’autres choses même s’il ignorait où il fallait les ranger, il avait besoin de bouger, se rendre utile, tout plutôt que restait immobile à ressasser inlassablement ses pensées.

C’est à ce moment que Dante lui dit ces mots, Michiyo qui ne l’avait pas entendu revenir laissa son geste en suspens. Son verre dans une main, l’autre ne tenant rien d’autre que le vide, il lui semblait qu’il aurait été incapable de se retourner et de faire face à Dante.

L’hybride l’enlaça et le jeune mimikko fut à présent dans l’incapacité de prononcer le moindre mot.

Il eut soudain envie de pleurer sans réelle raison, juste pleurer, mais cela risquait d’inquiéter Dante plutôt qu’autre chose et ça il ne le voulait pas, c’est pourquoi il tenta de refouler ses larmes. De sa main libre il agrippa fermement le bras de Dante qui l’enserrait. Il sentit sur sa tête un poids à la fois bien présent, réel et léger et doux.

A nouveau la mélodieuse voix de l’hybride résonna à ses oreilles.

Il aurait voulu lui dire que lui aussi l’aimer, mais rien à affaire, la boule qui s’était formé dans sa gorge afin de ne pas fondre en larmes, manquait à chaque instant d’exploser en à rejaillir en torrent de larmes.
Il appuya son front sur le torse de Dante.

Le verre posait sur la table, le front tout contre le torse de l'hybride, le jeune mimikko enfouit encore plus sa tête quand il sentit le baiser sur son front, les larmes étaient encore là au bord des lèvres mais une joie intérieure s'y mêlait également.
Michiyo sentait la chaleur reprendre possession de ses joues, de ses tempes, de tous son visage, de tout son corps.

Aux paroles de Dante, Michiyo referma son autre main sur le bras de Dante dont la poitrine vibrait agréablement sous l'effet du ronronnement.

Il n’avait jamais autant rougi de toute sa vie en un laps de temps aussi court. A cette pensée, il ne put ni ne voulut s'empêcher de sourire encore plus.

Il se sentait bien dans les bras de Dante, à simplement écouter la respiration de l'hybride, les battements de son coeur et se fondre petit à petit dans sa chaleur corporelle.

Alors qu’il était si bien contre le torse de Dante, simplement là, contre lui, sans bouger. L’hybride, brusquement le souleva, se fut si rapide que Michiyo ne comprit pas ce qui se passait, et encore moins pourquoi.

Le jeune mimikko sentit à nouveau le contact agréable des lèvres de Dante contre les siennes. Il ferma les yeux un bref instant, quand il les rouvrit ils effectuaient une descente rapide en vue de s’asseoir dans le canapée, Michiyo craignit intérieurement l’atterissage, mais il fut finalement plus doux qu’il ne se l’était imaginé.
Il se retrouva assis sur Dante, pendant le trajet, il ne s’était pas rendu compte à quel point il s’était fortement aggripé à l’hybride.

Lorsqu’il posa à nouveau les yeux sur Dante, il remarqua l’étrange expression de son visage, ce qui le troubla grandement, il sentait les vibrations des ronronnements sonores de Dante soulevait sa poitrine de plus en plus rapidement et se rendit compte que sa propre respiration connaissait elle aussi un rythme plus soutenu.

Les trois premier mot de Dante lui firent baisser la tête quelque peu un sourire gêné mais heureux aux lèvres, mais détourner le regard de ses yeux brûlant posait sur lui, ne firent pas disparaître son trouble bien au contraire.
Mais en comprenant les mots suivant, il releva brusquement la tête, effrayé par ces paroles, mais il n’eut pas le temps d’articuler une syllabe que des lèvres mu par un désir ardent pressaient déjà les siennes.

*ou non… ça veut dire que si je n’éprouvais pas de sentiments pour lui, ça lui serait égal.*

Il eut l’impression que son cœur se brisait, à fleur de peau comme toujours, il sentait les larmes de joie qu’il avait su retenir se transformer en larmes d’incompréhension et de colère avortée, elles ne débordaient pas encore mais était si prête à le faire qu’il se demanda s’il aurait la volonté de les retenir de couler. Michiyo se débattit entre les bras de Dante, refusant catégoriquement un droit d’entrée à l’intruse qui si peu de temps auparavant n’était pas ainsi repoussé.

Dante lâcha Michiyo, tout son désir paraissait s’être envolé, son visage reflétait une certaine irritation, de l’agacement peut-être, il était en colère à n’en pas douter.
Et la façon dont l’hybride le traita l‘instant d’après le conforta dans cette idée.
C’est parce qu’il l’avait repoussé, qu’à présent Dante le repoussait à son tour.

Le mimikko le regarda s’éloigner, il lui sembla que la distance les séparant se transformait en un gouffre infranchissable. Il était à nouveau seul et c’était de sa faute.

Il retint un bref instant sa respiration en entendant la voix de Dante, craignant ce qu’il allait dire, mais l’hybride se contenta de justifier la raison pour laquelle il ouvrait la fenêtre. Le ton de sa voix ne fit qu’accentuer le désespoir du jeune mimikko.

Michiyo porta son regard sur le bout de ciel que l’on pouvait y voir, l’air était agréablement frais et les étoiles éparses que l’on distinguait ajoutait à la beauté du tableau, pourtant cela ne calma pas Michiyo dont les membres, il s’en rendit compte, tremblaient.

Dante avait reposé sur la table ses outils de sculpture, se remettant à l’ouvrage, il marmonna des mots que le jeune mimikko ne chercha pas à comprendre.

Il baissa les yeux sur ses mains tremblantes, sans bruit, il se leva et se dirigea vers la chambre où il s’était réveillé, il referma derrière lui, ses oreilles étaient baissées et ses yeux embués.

Michiyo se laissant couler contre la porte ne chercha plus à retenir les larmes qui coulèrent sans discontinuer, pas un son hormis peut-être celui de sa respiration difficile à cause des hoquets qui soulevait sa poitrine, ne s’échapper de sa gorge, il pleurait silencieusement.

Ses bras c’était resserré sur lui, ses jambes repliées, en boule le dos contre la porte Michiyo pleurait encore et encore se calmant au fur et à mesure, comme si à chaque larme qui coulait c’était un peu de son chagrin qui s’en allait.

Il sursauta en sentant les murs répercutaient des bruits sourds comme si quelqu’un s’amusait à frapper les murs. Il prit réellement peur en entendant un bruit de verre qui se brise.
Il n’osa pas sortir pour voir ce qui se passait réellement. Il était effrayé à l’idée que sous l’effet de sa brusque colère Dante n’en vienne à s’en prendre à lui, il valait mieux resté là, le temps que l’orage passe.
Des éclats de voix lui parvinrent également, mais il était dans l’incapacité de donner un sens au son qu’il percevait.

Se boucher les oreilles ? Ça n’aurait servi à rien. Bien au contraire c’est en plaquant les mains contre ses oreilles qu’il entendait d’autant mieux. Se boucher les oreilles, ce n’était qu’un geste dont la connotation était clair dans l’esprit de chacun comme signifiant : je ne veux entendre, je ne veux pas t’entendre, mais pour Michiyo bien loin de faire disparaître le son, ce geste lui permettait au contraire de mieux l’entendre, certes, le son lui parvenait changé mais plus vibrant, comme s’il n’écoutait pas simplement avec ses oreilles, mais avec tout son corps.

C’était une des raisons qui le faisait détester la musique techno, il avait l’impression d’être lacéré de coups de poignards, ce son abhorrait le traversait de part en part et résonnait dans son corps comme s’il eut été une coquille vide. Il la détestait parce qu’elle accentuait et générait au moment où il ne l’éprouvait pas cette sensation de néant prison dans un corps trop étroit.

Michiyo redressa les oreilles et la tête quand il entendit des bruits de pas se rapprochaient de la porte, son pas était plu régulier, Dante semblait s’être calmé, mais le battement du coeur du mimikko refusait de se calmer. Il ne bougea pas d’un millimètre de sa place écoutant avec attention la voix de Dante qui filtrait à travers la porte.

De l’abattement pareil à une chape de plomb mêlé à une colère amère et désabusée grondèrent en lui.

Non, personne ne l’attendait, il avait bien ses clés pour rentrer chez lui, mais Dante ayant déjà prévenu ses parents quelques heures plus tôt qu’il passerait la nuit chez lui, ils ne l’attendaient plus et ne s’inquiétaient sûrement pas, trop heureux que leur petit et enfin trouvé un ami. S’il rentrait maintenant les questions pleuvraient et nul doute que ses parents ne manqueraient pas de prononcer sans le vouloir sûrement des paroles on ne peut plus blessantes.

Non, il ne pouvait pas rentrer pas maintenant, mais il ne pouvait pas rester non plus, dans l’esprit de Michiyo, il était clair que Dante voulait qu’il s’en aille, et c’est ce qu’il résolut qu’il ferait.

Quand l’hybride eut fini de parler, Michiyo resta totalement immobile, sur son visage se dessinait un air buté mais il ne répondit rien. Qu’aurait-il bien pu répondre, lui qui ne trouvait jamais les mots justes pour réconforter et apaiser. Il attendit que les pas de Dante se fussent éloignés. Un bruit de porte que l’on referme parvint bientôt à ses oreilles, il attendit encore un peu.

Puis se levant il ouvrit la porte de la chambre et prenant le sac qui trouva facilement à l’endroit indiqué, sans un mot, sans un au revoir, sans un regard en arrière, Michiyo ouvrit la porte du troisième étage et commença à descendre les escaliers qui le mènerait au rez-de-chaussée puis à la porte s’ouvrant sur la rue. Il était si perturbé par toutes ses émotions qui le traversaient et ses questions qu’il se posait sans trouver de réponses, qu’il omit complètement de vérifier si toutes ses affaires étaient bel et bien dans son sac ou non.