Visite surprise

Alors que Michiyo pensait le choc de la rencontre avec la matière solide inévitable, les bras de Dante se refermèrent sur lui, le serrant contre son torse, la chute avait cessé, mais pas la brève peur qu’elle avait engendrée et qui se lisait encore dans les yeux si désespérément bleus que le jeune mimikko posait sur Dante.
On aurait pu croire que Michiyo était sur le point de se mettre à pleurer, en voyant cette tristesse et ce désespoir comme une sorte de douleur muette,

Mais le regard de Dante semblait si doux, si compréhensif, qu’il sentit sa gorge se nouer, se trouvant ainsi dans l'impossibilité de faire sortir un seul son sans risquer de laisser éclater un chagrin à l’origine inconnu.

Sans qu’il sache pourquoi, l’hybride se mit à chantonner doucement presque un murmure et pourtant sa voix était si claire, il noua lentement ses bras autour du cou de Dante et posant sa tête contre le torse de l’hybride, ferma les yeux.

Michiyo ne reconnaissait pas la chanson mais il aurait pu dire sans se tromper qu’il s’agissait d’une berceuse, ou de quelque chose d’aussi calmant et réconfortant.

Il se laissa bercer par les sonorités charmantes, espérant être emporté par le bienveillant oubli du sommeil.

"Dante, je…."

Le jeune mimikko resserra un peu plus son étreinte autour du cou de l’intéressé, et enfouit davantage sa tête, se sentant dans l’incapacité de dire un mot de plus.

Michiyo rêva qu’il devait transporter un œuf de dragon tout en haut d’une tour dont les marches étroites en colimaçon ne semblait pas connaître de fin, de plus il devait les gravir dans une obscurité quasi-totale, la seule lumière émanait de l’œuf qui pulsait d’une chaude lueur orangée. Une voix mélodieuse, pareille à celle d’un ange le guidait et lui redonnait le courage nécessaire pour poursuivre sa tâche.

L’ascension lui parut durait des heures, mais il continuait de grimper précautionneusement les marches étroites et traîtresses prenant le plus grand soin de cette vie qui se développait à l’intérieur du cocon protecteur ignorant du monde extérieur. Au loin, plus haut, une rai de lumière filtrait de sous une porte, il arriverait bientôt au bout du voyage et pourrait assouvir sa curiosité quand au propriétaire de la voix angélique. Mais à peine posa-t’il sa main sur la poignée afin d’ouvrir la porte, que le chant cessa et entrant il ne vit qu’un battement d’aile soulevant des rideaux vaporeux couleurs d’aurore.
Les voiles du mystère retombèrent lentement et il dut se résigner à taire sa curiosité quand à l’identité de la chanteuse ou du chanteur, même sur ce point il n’avait pas réussi à trancher.

Observant mieux la pièce nimbée d’une lumineuse brume, il avisa un lit aux moelleuses douceurs irrésistibles et y installa son œuf avant de s’assoupir à ses côtés dans le luxe de draperies, sentant les caresses d’une agréable brise sur sa peau. Il rouvrit soudainement les yeux alerté par le léger craquement annonciateur de l’éclosion, il se rendit compte qu’il n’était plus tout seul sur le lit qui avait prit des dimensions gargantuesques, Phil et Théo étaient avec lui, bien qu’il n’est pas tout à fait la même apparence de pantins que dans la réalité, le mimikko sut sans même avoir à se poser la question qu’il s’agissait bien d’eux. Eux aussi semblaient attendre l’éclosion impatiemment, mais si les fissures s’étendaient de plus en plus, la créature qu’elle contenait, tardait à pointer le bout de son museau. C’est pourquoi en attendant l’évènement ils entamèrent une discussion, tout en gardant un oeil rivé sur l’œuf.
Un morceau de coquille tomba bientôt et Michiyo se pencha vers l’ouverture ainsi créée brûlant d’impatience de découvrir l’aspect du nouveau né.

Mais alors que deux yeux d’un bleu électrique le fixaient dans l’obscurité de sa coquille, l’un des jumeaux lui dit quelque chose qui le troubla tant qu’il se réveilla.
Ouvrant les yeux sur une chambre qui lui était inconnu, et dans un lit qui n’était pas le sien, il fallut un certain temps avant que Michiyo n’émerge complètement.

Il cherchait obstinément à se rappeler la dernière phrase de Phil, hélas, sans succès.
Une image pourtant resta gravé en sa mémoire, ses yeux magnifiques qui lui avaient semblé si étrangement familier.

[i]*Ses yeux, à qui appartenait-il ?.....* [/b]

"Où est-ce que je suis....?"

Se demanda t-il avant de s'étirer dans un baillement sonore qui découvrit ses canines proéminentes.

Regardant mieux autour de lui, il ne reconnut toujours pas les lieux, se demandant comment il avait pu arriver ici…… et surtout :

" Pourquoi je porte un pyjama? je ne me souviens pas en avoir mis un.... Et où sont mes vêtements?!"

Soudain une autre idée, fulgurante et terrifiante lui traversa l’esprit,

"Mon dieu, quelle heure est-il?"

Rien que l’idée des conséquences que pourrait entraîner un retour à la maison à une heure indue l’affolait complètement, c’est pourquoi il sortit en trombe du lit et de la chambre.

Avant de rester quelque peu en suspens dans le couloir, ne sachant plus trop où aller, ni que faire, allant même jusqu’à ne plus vraiment savoir pourquoi il s’était levé et avait quitté la pièce.

Dante vint à la rescousse d’un Michiyo perdu dans un couloir inconnu et commença à lui expliquer un peu la situation, rassérénant le jeune mimikko.

*Il a prévenu les parents….Tant mieux.*

Il sourit en imaginant la scène, la tête que ces parents avaient du faire en assimilant l’information. Il tiqua un peu en pensant qu’au retour ce ne serait pas aussi drôle.

*Ça à du leur faire un choc d’entendre que leur « petit garçon » ne rentrerait pas ce soir.*

Maruka, de cinq ans plus jeune que lui avait déjà plus d’une fois dormi chez des copines, et les parents avaient toujours été d’accord de la laisser y aller, alors que lui-même n’avait jamais eu ne serait qu’une seule proposition.
C’était la première fois qu’il découchait, cette idée amenait en lui quelque chose de jubilatoire.

Vêtu du pyjama que Dante lui avait enfilé, Michiyo se retrouva face à ces deux mers glacés qui le fixaient tandis qu’une voix aux doux accents le rassurait.

Tandis qu’il suivait Dante qui traversait le salon, Michiyo regardait tout autour de lui. Il ne voulait pas être indiscret mais ne pouvait s'empêcher de poser son regard curieux et admiratif un peu partout.

* Alors, c'est son chez lui. C'est accueillant et bien rangé....Rien à voir avec ma chambre.^^*

Il écouta distraitement la musique que diffusait la radio, elle lui rappelait vaguement quelque chose sans qu’il puisse vraiment dire quoi, sûrement sa sœur avait-elle du écouter cette chanson en boucle et ainsi lui en laissait une trace involontaire mais indélébile, il en aimait bien les sonorités mais avait du mal à en comprendre les paroles et leur sens.

De cette chanson se dégageait cet aspect envoûtant mais hermétique à la compréhension que prenaient parfois les paroles de Dante.
Il n’eut pas le temps de pousser plus loin la recherche que déjà Dante éteignait l’engin et se dirigeait vers une table où reposait une pièce de bois d’où émergeait des protubérances qu’il reconnut comme étant des ailes.

Quand Dante lui proposa de manger ou boire ou se recoucher selon son envie. Michiyo réfléchit un instant à ce qu’il voulait, étant encore à moitié endormi il aurait spontanément choisi de se recoucher mais sa gorge sèche lui suggérer une autre proposition, au moment où il allait informer de son choix l’hybride qui avait profité de ce laps de temps de cogitation pour s’asseoir devant son ouvrage, il fut interrompu par un gargouillis sonore en provenance de son estomac.

Il eut un sourire gêné, et passant sa main droite derrière son oreille il lui dit

"Et bien, je crois que je vais le suivre et opter pour un repas."

"Si ça ne vous dérange pas."

Michiyo suivit Dante jusque dans la cuisine, hésita un instant à y pénétrer, puis le rejoint près du frigo. S’adossant à un meuble, il réfléchit quand à la question de Dante à propos d’une quelconque allergie.

"Mmmm, non, pas à ma connaissance. Les parents sont toujours à nous répéter qu’il faut manger de tout, même si ce n’est qu’un petit peu, au moins pour goûter, après on peut dire si on aime ou on aime pas."

Il continua de réfléchir à la recherche d'un aliment qu'il ne pourrait pas avaler.

"Ah, si! Y’a un truc que je ne mangerais pas et ça peut importe comment vous le préparerez, c’est les bringelles, je sais pas si vous connaissez, c’est un légume qui a une très joli couleur violette. Mais la partie comestible, c'est-à-dire l’intérieur, à un aspect grisâtre et visqueux, c’est dégoûtant. "

Tandis qu’il parlait, Michiyo s’égaillait, sur son visage on pouvait lire ses émotions et ses mains mimaient et venaient appuyer ses paroles.

Dante avait déjà sorti quelques ingrédients et allumé la cuisinière.

Rien que de voir toutes ces bonnes choses étalées devant ses yeux gourmants Michiyo en avait d'avance l'eau à la bouche.

Il ignorait la bonne idée qu'avait eu Dante, mais au vu des ingrédients il ne doutait pas que ce repas allait être délicieux.

Sans qu'il s'en rende vraiment compte un petit bout de langue passa sur ses lèvres pour les hydrater, donnant plus de poids à la fameuse expression se lécher les babines.

Reportant son attention sur l'hybride il lui demanda

"Est-ce que je peux vous aider à faire quelque chose?"

Michiyo souriant à Dante accepta avec joie la proposition de l’hybride, il était ravi de pouvoir l’aider, même un tout petit peu, mais l’aidait quand même.

Puis il dit en prenant la pose du salut militaire

"Ce sera fait, chef. ""

Michiyo alla chercher les pantins qu’il avait vu quelques instants auparavant sagement installés dans le salon et choisit de les asseoir à table sur des chaises l’un à côte de l’autre.

Il décida également de débarrasser la table du matériel de sculpture et des copeaux de bois,
Ce fut moins évident de déplacer la sculpture bien plus lourde qu’il n’y paraissait, mais Michiyo au prix d’une extrême prudence y parvint.

C’est avec soulagement qu’il put soupirer à l’adresse de l’œuvre naissante.

"Eh ben, t’es pas un poids plume toi."

Et il retourna auprès de Dante pour une nouvelle mission.

OK, pas de problème.

Michiyo réceptionna le bol et le mélangeur, un peu surpris qui lui confie une telle tâche, mais en même temps heureux.

Il n’avait pas grand-chose d’autre à faire que de maintenir le mélangeur correctement afin que tout ne se renverse pas à droite et à gauche, mais c’était à ses yeux une tâche immensément importante.

Il ne resta bientôt plus un seul grumeau ou si peu, juste une ou deux bulles d’air qu’il s’empressait de faire disparaître au fur et à mesure qu’elles apparaissaient, le mélange paraissait onctueux mais il ne savait pas si ça suffisait ou pas, alors pour plus de sûreté il demanda à Dante.

"Est-ce que c’est bon comme ça?"

Michiyo vit Dante s’affairant, passant d’une chose à l’autre avec une telle facilité, une telle aisance, on aurait dit une danse.



[Je voulais te prévenir que de Jeudi à Dimanche, je serais absente de chez moi, donc ne t'étonnes pa si je prends encore plus de temps que 'habitude pour te répondre, c'est simplement que je ne suis pas là.

Au fait autre parenthèse, n'aurais-tu pas oublié quelqu'un d'autre que Soubi au 3° étage? ou est-ce fait exprès?]

(j,ai plus d'idées pour elle...)

[Désolée pour le retard, au moins Dante aura eu le temps de faire beaucoup de crêpes ]

Michiyo fut tout heureux de constater que ce qu’il avait fait convenait à Dante,
Et c’est tout guilleret qui prit le bol de salade de fruit afin de l’amener à destination.

"Entendu"

Arrivé devant la table mise, il y posa la salade de fruit, réajusta un peu la nappe qu’il avait légèrement dérangé dans le mouvement et observa d’un œil satisfait l’ensemble.

Puis retourna auprès de Dante dans la cuisine, sa queue continuant de se balancer doucement suivant le rythme intérieur de ses pensées.

Il entendit Dante chantonnait avant de le voir faire sauter les crêpes.
Crêpes qui, impossible de le nier, faisait saliver rien qu’à les voir reposant nonchalamment dans l’assiette qui se trouvait à côté de l’hybride.

Michiyo s’hydrata à nouveau les lèvres d’un coup de langue, dans ces yeux on pouvait lire sans difficulté la gourmandise.

Il n’avait plus qu’une idée en tête et plus qu’une envie :

Passer à table.

Dante semblait parti dans son délire.
Ce qui n’avait été qu’un doux fredonnement d’une résurgence du passé devenait chant à pleins poumons vibrant d’émotions refusant de rester enfouis.

Michiyo avait déjà entendu cette chanson, Maruka adorant ce groupe qui était au top de la mode il y avait encore quelques temps en avait acheté quasiment touts les cd et bien des objets dérivés, mais il n’avait jamais compris les paroles et aujourd’hui encore si proche de Dante il avait du mal à comprendre à le comprendre, mais il ressentait une telle peine dans sa voix chaude et harmonieuse, une telle tristesse que c’en était déchirant.

La voix de Dante portait si bien qu’il ne s’est qu’à peine rendu compte que l’hybride avait changé de pièces, c’est pourquoi il fut surpris par le « à table » et sursauta légèrement.

Il allait rejoindre Dante quand il se rendit compte qu’un tracé humide barrait ses joues plus ou moins verticalement, il s’en étonna, quand s’est il mis à pleurer et pourquoi ses mains tremblaient elles autant ?

Il respira profondément et se passa un instant les mains sur son visage, se dota d’une expression plus joyeuse et souriante avant de rejoindre Dante s’accompagnant d’un sonore

" J’arrive"

plus par habitude que par nécessité.

Le repas avait l’air on ne peut plus succulent et devant toutes ces bonnes choses, un bruit venant des profondeurs de son estomac arracha Michiyo à sa contemplation.